Le monde étrange de Loretta Lux
Totalement dingue des images de Loretta Lux, qui photographie les enfants de façon faussement simple et douce... comme chez mes peintres préférés, il y a une sorte d'étrangeté indéfinissable (le travail de retouche, maintes fois décortiqué par ses pairs, qui ont tenté de retrouver sur photoshop les différents outils qu'elle utilise, donne l'impression de voir des tableaux peints : on est plus tout à fait dans la photographie qui retranscrit le réel, mais plutôt une vision très personnelle de l'enfance)...
Loretta Lux, qui s'est choisi ce pseudonyme (qui claque, trouvé-je*, comme une pin up des années 50) juste avant sa première expo, a grandi en Allemagne de l'est, élevée par ses grands-parents qui l'ont très tôt éveillée à la culture et aux Beaux-Arts. Dans sa chambre, elle avait punaisé des reproductions de peintures d'enfants par les grands maîtres, Velázquez , Rubens, etc. Nul doute que ces portraits d'enfants, aux poses hiératiques, ont influencé sa propre vision et son langage pictural. On peut se demander pourquoi ses images exhalent cette douceur pastel, cette pâleur crémeuse... il semble qu'elle ait détesté sa propre enfance enfermée dans la cage communiste et soit "écoeurée par la laideur du monde", et cherche donc à travers son travail à recomposer des icônes de beauté figées pour l'éternité. Nul doute que cette jeune artiste gère brillamment et avec beaucoup de flair son image dans le monde de l'art, distillant les infos au compte-goutte et mélangeant le vrai au faux pour forger une légende qui contribue à son succès (ses images ont atteint une cote fabuleuse et la dame est désormais millionnaire).
Je ne peux même pas dire que j'ai une préférée parmi ces images (j'évite d'utiliser le terme "photos", tellement l'oeuvre est loin, très loin probablement, de la prise de vue initiale), car elles m'interpellent toutes à leur façon, et me parlent (elles m'appellent par mon prénom d'ailleurs... je vous laisse j'ai rendez-vous avec mon psy hahaha !)...
*que Grevisse juge cette expression désuète ne m'empêche pas de l'utiliser, comme vous le constatez. Je compte d'ailleurs monter un groupe sur Facebook pour défendre l'usage de cette inversion à la première personne du singulier... qui en est ?